François Guijarro, éducateur spécialisé depuis 30 ans à IDB
« À l’Institut Don Bosco, on m’a toujours donné les moyens de faire ce que je voulais pour les jeunes. »
À travers l’art, François Guijarro parvient à transmettre aux jeunes envie, curiosité, valeurs et confiance en soi. Source inépuisable, ses projets fleurissent et il emmène tous les jeunes dans sa course !
Dans cet article, il nous dévoile ses secrets et quelques souvenirs…
Quel est votre parcours ?
« J’ai fait mes études en Gironde et mes stages de moniteur-éducateur et d’éducateur spécialisé à Barcelone. Quand je n’avais pas cours, j’allais peindre et dessiner. Puis j’ai fait le chemin de St Jacques de Compostelle, et tous les jours je dessinais une carte postale pour l’envoyer à ma famille. De retour en France, j’ai commencé en tant que moniteur-éducateur, puis éducateur spécialisé à l’Institut Don Bosco. Michel Labardin était mon Chef de Service au CRFP !
C’est à ce moment-là que j’ai construit ma propre démarche artistique et que j’ai créé ma signature et mon identité avec…la pince à linge ! Elle représente le lien provisoire pour passer d’un état à un autre. Nous sommes tous des liens provisoires et comme les secrétaires, les éducateurs spécialisés,… nous avons tous besoin des uns et des autres à un moment de notre vie, donc nous sommes tous des pinces à linge ! » Conclut-il en s’esclaffant. Devenu un véritable artiste, François Guijarro a exposé en Espagne, en Argentine, en Italie, au Portugal et en France.
Ce personnage curieux s’initie à toute forme d’art : peinture, sculpture, collage, gravure…
Qu’est-ce que l’esprit associatif pour vous ?
« J’ai fait beaucoup de choses pour les jeunes et pour l’Institut Don Bosco, j’y ai fait de très belles rencontres pendant toutes ces belles années. L’esprit associatif c’est s’entraider. Si tout le monde s’y met, au lieu de faire quelque chose d’ordinaire, on peut faire quelque chose d’extraordinaire. Quand j’ai connu l’Institut Don Bosco, à l’époque l’Association Saint François-Xavier, il y avait 200 à 250 salariés. Les familles des salariés se réunissaient chaque année, lors de la remise du rapport d’activité annuelle, autour d’une fête associative conviviale. Ces rassemblements où tous les salariés des établissements se rencontrent et échangent, sont d’une grande richesse.
On ne peut pas parler de l’esprit associatif sans parler des Salésiens ! J’ai toujours aimé recevoir les Salésiens quand ils venaient pour leur faire visiter le site. J’estime qu’il faut bien connaître les lieux et accueillir comme il se doit. Je suis parti plusieurs fois visiter les Salésiens, notamment en Italie et en Espagne. Quand tu travailles à l’Institut Don Bosco et que tu vas chez d’autres Salésiens à l’étranger, tu es super bien reçu, il y a une grande solidarité dans le réseau salésien ! »
Quelle est l’activité la plus dingue à laquelle vous ayez participé ?
» Le film « Dans tes rêves » ! Réalisé par le CRFP de l’Institut Don Bosco dans le cadre de l’atelier cinéma Dans tes rêves, et grâce à l’Iddac, le Département de la Gironde et la Direction de la Protection de l’enfance et de la famille, c’était un moment extraordinaire ! Gérer le quotidien de la vie en collectivité et le travail de réalisation du film était un sacré défi. C’était une belle réussite puisque le film a obtenu le 1er prix la 6trouille d’or, le prix d’interprétation et le prix de la meilleure bande-son. »
Pour regarder le film « Dans tes rêves » cliquez ici.
Qu’est-ce qu’il vous plaît dans le fait de vous occuper des jeunes ?
« Nous préparons des hommes et des femmes en devenir, de futur(e)s citoyens et citoyennes. Si nous en faisons des personnes bien, notre société n’en sera que meilleure. Nous les aidons à grandir et c’est à nous de leur donner les armes pour se battre dans la vie. Nous savons qu’ils vont nous quitter un jour ou l’autre, c’est un peu comme nos enfants, il faut les laisser grandir puis voler de leurs propres ailes. »
Comment faites-vous pour intéresser un jeune ?
« À l’Institut Don Bosco, on m’a toujours donné les moyens de faire ce que je voulais, ce que j’avais envie de faire avec les jeunes et les résultats étaient au rendez-vous. Vers 1994, j’ai monté un atelier bricolage et aujourd’hui, j’ai installé une salle d’arts plastiques. Ma salle est comme la jachère, tous les jeunes viennent pour se requinquer, reprendre confiance en eux et ils repartent plus sereins.
Chaque jeune a une pierre de cristal en lui. C’est à nous de la trouver et de la polir. Recette quasi infaillible, avec des garçons c’est plus facile : la foire internationale ou un magasin de bricolage ! C’est à ce moment-là qu’ils vont raconter des souvenirs de famille. Je pars d’un souvenir et je découvre ses centres d’intérêt. Nous créons du lien ensemble en se fixant sur ce qu’il a aimé ou ce qu’il aime faire. Le but c’est qu’il brille dans quelque chose qui l’intéresse, afin de travailler l’estime de soi. C’est important pour eux, nous étions là tout le temps quand il y avait le Covid, ma classe n’a jamais désempli ! »
Avez-vous des conseils à donner pour de jeunes éducateurs ?
« Si tu ne veux pas que l’on t’impose, propose. Il faut être force de proposition et se battre pour ce que l’on veut pour les jeunes. Il est essentiel d’être disponible et présent afin de partager des activités et partager le quotidien avec les jeunes, c’est ça qui fait le lien. Quand il y a du lien, tu peux tout faire. Il faut s’adapter aux gamins : tôt quand il faut être là tôt, si c’est tard, c’est tard ! Néanmoins, quelquefois il faut être sévère et quand un jeune fait des bêtises, il faut lui dire et le reprendre.
Il est primordial d’aimer son métier, d’être disponible et d’être à l’écoute. L’éducateur, c’est la clé de voûte. On est là pour leur apprendre l’école de la vie et leur apprendre un maximum de choses pour qu’ils soient autonomes.
J’ai gardé beaucoup de contacts avec d’anciens jeunes. Cela m’a permis de savoir ce qui avait été bien pour eux et ce qui l’avait moins été, dans tout ce que j’ai pu leur apporter, afin de rectifier ou de m’appuyer sur des outils ou activités qui ont porté leurs fruits. J’ai eu des nouvelles et j’ai pu revoir un ancien jeune du CRFP qui passe son CAFDES pour devenir directeur d’établissement social et d’autres qui sont devenus artisans à leur compte, dont un travaille aujourd’hui en Polynésie ».