La prévention du suicide, un combat majeur dans les établissements
(crédit image Association Québécoise de Prévention du Suicide)
En poussant les portes du SAMSAH Don Bosco, vous pourrez rencontrer Maritxu Martin-Uhalt, infirmière depuis 5 ans au SAMSAH. Elle a fait ses premiers pas à l’IME Saute-Mouton, après avoir suivi une formation d’infirmière, et avoir obtenu le CNIA (Certification Nationale d’Intervention en Autisme).
Afin de pouvoir évaluer le risque suicidaire, Maritxu Martin-Uhalt a suivi la formation « Évaluation du potentiel suicidaire et orientation » proposée par l’association Rénovation.
Maritxu Martin-Uhalt nous expose la manière de travailler de l’équipe dans le cadre de la prévention du suicide.
Dès l’admission d’un nouvel usager et au cours du premier rendez-vous avec l’infirmière, la question des antécédents se pose. L’objectif est d’identifier dès le départ les fragilités et le risque. La personne accompagnée a-t-elle déjà eu des idées noires ? A-t-elle déjà fait une tentative de suicide ou l’a-t-elle verbalisé ? A t-elle été hospitalisée dans ce contexte ? …
En partant des antécédents, elle procède à une évaluation à l’instant, afin de savoir s’il y a toujours des intentions suicidaires et pour déterminer la conduite à suivre. Cela permet de définir le caractère et le niveau d’urgence. Lors de l’évaluation, la posture de la personne qui la mène est capitale. Le professionnel doit se comporter en sorte que la personne se sente : respectée, écoutée, comprise et aidée. Il ne faut pas porter de jugement
L’évaluation est très complexe car elle est réalisée à un moment donné, mais l’intention et l’impulsivité du passage à l’acte peut évoluer.
Grâce à l’échelle RUD (Risque Urgence Danger) et en suivant une trame clairement établie avec 3 critères, l’évaluation définit :
L’urgence > l’imminence d’un passage à l’acte, s’il y a scénario (procédure définie et temporalité).
La dangerosité > les moyens prévus par la personne pour y parvenir, savoir si elle a les moyens à sa disposition. Dans ce cas, il faut mettre à distance les moyens, si c’est possible.
Le risque > les facteurs de protection : si elle peut demander de l’aide, si elle a un réseau amical, familial, un animal de compagnie, un travail, des croyances religieuses et s’il y a des facteurs de risques : environnement familial, isolement, autres antécédents médicaux, problèmes financiers, plus de travail…)
Au SAMSAH, l’équipe pluridisciplinaire réalise un travail de prévention remarquable avec les personnes qu’elle accompagne. Il n’est pas chose aisée d’identifier les besoins et les difficultés du public TSA. D’abord, parce que les personnes atteintes d’un Trouble du Spectre de l’Autisme n’arrivent pas à identifier les signes précurseurs de leur propre mal-être. Ce n’est pas naturel chez eux. Demander de l’aide parait donc complexe.
Les professionnels du SAMSAH les accompagnent donc pour qu’ils parviennent à repérer les indices de leur mal-être et qu’ils mettent en place des actions en amont, pour prévenir et éviter le passage à l’acte.
Parmi ces actions, l’équipe leur explique qu’il faut d’abord mobiliser leurs ressources internes.
Par exemple, s’ils ne se sentent pas bien, ils peuvent : appeler un proche ressource, aller se promener, prendre un bain ou faire des choses qui leur procurent du plaisir.
Si ce n’est pas suffisant, ils peuvent ensuite faire appel aux ressources externes.
Par exemple : appeler le professionnel référent ou s’il est passé à l’acte, appeler les secours.
Les professionnels travaillent aussi l’appel aux numéros en dirigeant les personnes accompagnées vers les organismes adéquats comme :
Le 3114, l’association SOS suicide Phénix, Suicide écoute, le SECOP, les urgences psychiatriques, l’EPIC (Équipe Psychiatrique d’Intervention et de Crise : permanence téléphonique pour l’entourage).
Les professionnels du SAMSAH peuvent être fiers d’une belle réussite. Maritxu Martin-Uhalt raconte notamment le cas d’une personne accueillie, qui avait souvent des passages à l’acte et pour laquelle ils ont mis en place tout un protocole. La difficulté chez elle, c’est que l’acte avait une fonction particulière : entrer en communication avec l’équipe de professionnels. Ils lui ont appris à faire appel à eux avec d’autres méthodes et à entrer en relation autrement que dans un contexte de crise. Par exemple : appeler quand elle va bien aussi et pas qu’en cas de crise.
Ils ont mis en place un plan d’actions établi avec elle. Aujourd’hui, elle arrive à se servir de cet outil pour désamorcer par elle-même son mal-être.
La prévention du suicide est un sujet majeur et au centre des préoccupations des professionnels des établissements sociaux et médico-sociaux à l’Institut Don Bosco. Chaque année de nouveaux professionnels sont formés pour développer la démarche de prévention et d’accompagnement.