Portrait de Jessica Rigour, un maillon essentiel à Vict’Aid
Primo-accueillante au sein de l’établissement Vict’Aid, c’est le poste qu’occupe Jessica Rigour à l’Institut Don Bosco. Elle est la première voix et le premier visage pour les victimes qui sollicitent Vict’Aid.
En 2022, cela représentait 14 420 appels.
Quelles sont vos missions à Vict’Aid ?
Je m’occupe d’accueillir les victimes qui nous contactent ou se présentent. La personne qui oriente en premier prend le temps de parler avec les victimes de ce qui leur est arrivé, si elles en ont besoin. Je fais un point avec elles pour leur proposer de l’aide et des conseils concernant leurs droits. Elles peuvent être orientées par les dépôts de plainte (numéro de téléphone de Vict’Aid sur le document de déposition) mais aussi par le tribunal judiciaire(Bordeaux ou Libourne), des assistantes sociales, professionnels de santé, des mairies, des communautés de communes, des commissariats, gendarmeries…
Les victimes exposent leurs situations de façon précise et je leur propose un rdv avec un juriste, un psychologue, des intervenants sociaux, selon leurs besoins et leurs demandes sur la permanence la plus proche de chez elles.
Nous sommes présents avec des permanences dans les bureaux d’aides aux victimes des tribunaux judiciaires de Libourne et Bordeaux, mais également sur tout le territoire girondin au sein des Points justice. Si leur situation ne relève pas de nos compétences et de notre champ d’intervention, alors je les réoriente vers l’organisme adapté.
Combien d’appels recevez-vous ?
Entre 50 et 80 appels par jour. Mais ces appels sont tous différents, il peut s’agir d’infractions pénales ; d’atteintes physiques, d’atteintes aux biens (vols, escroqueries…), d’abus de confiance, abus de faiblesse mais aussi de catastrophes collectives ou naturelles (attentats, tempêtes…) ou d’accidents de la circulation. Même si la majorité des appels concerne des violences intrafamiliales. Il y a souvent des vagues ou cela peut suivre d’actualité, en ce moment nous recevons beaucoup de victimes d’escroqueries.
Comment travaillez-vous avec France Victimes ?
Nous sommes affiliés à la Fédération France victimes, qui regroupe 130 associations d’aide aux victimes en France et Outre-mer. La fédération a noué des partenariats avec de nombreux organismes privés et publics, institutions, entreprises, banques, fédération sportives nationales, compagnies d’assurance, ministères (affaires étrangères, économie et finances,…). Lorsque les conventions de partenariats sont activées, nous sommes saisis afin de prendre contact avec les personnes victimes ou leurs proches et leur proposer une prise en charge (psychologique, juridique…).
France victimes est opérateur du numéro national 116 006 ; numéro gratuit, que toute personne qui s’estime victime d’une infraction, peut contacter 7 jours/ 7, et être mis en contact avec un accueillant pour évoquer ce qui lui arrive. Elles seront ensuite redirigées vers le Service d’Aide aux victimes le plus proche de chez elles.
France Victimes est aussi un lieu de consultations et de ressources pour les intervenants (veille juridique, sociale,..) et un organisme formateur. C’est d’ailleurs entre autres grâce aux formations qu’ils proposent que j’ai été formée.
Hormis dans le cadre de notre travail avec France Victimes, nous pouvons également être réquisitionnés par les procureurs de la République, des Tribunaux judiciaires de Bordeaux et Libourne au titre de l’article 41 du CPP, mais également dans le cadre de conventions notamment comme celle pour les victimes les plus traumatisées. Dans ce cas, je peux être amenée à contacter les victimes et / ou leurs proches ou des témoins, afin de prendre de leur nouvelles et de leur présenter le service pour leur proposer notre aide du moment des faits au moment où elles en ressentent le besoin (il n’y a pas de limite dans le temps). Cet accompagnement peut se faire aussi par le biais de notre convention pour les procès d’Assise. Dans ce cas, j’adresse un courrier aux personnes convoquées (ainsi qu’à leur avocat) afin de leur proposer un entretien pour la préparation du procès à venir, cela permet de leur expliquer le déroulement, de répondre à leurs questions, et si elles le souhaitent, de visiter la cour d’assises.
Difficile d’être en première ligne, qu’est-ce que vous aimez le plus et qui est gratifiant dans votre métier ?
Pouvoir apporter quelque chose à l’autre. C’est important d’être là chaque jour pour aider. Nous ne le faisons pas toujours autant que l’on aimerait. J’ai du mal à me dire, « je vais louper un jour », car je risque de ne pas pouvoir aider ceux qui en ont besoin. On est aussi une bonne équipe et quand il y a des situations difficiles, nous pouvons en parler entre nous. Pour moi, ce n’est pas qu’un travail, c’est un investissement humain, j’occupe ce poste depuis près de 20 ans et pourtant je ne m’ennuie jamais. Chaque jour est différent et cela m’apporte beaucoup. Quand il y a une issue favorable et que la victime est satisfaite, alors je le suis aussi. Quelquefois, des personnes victimes rappellent ou viennent nous voir pour nous remercier, c’est très gratifiant.